samedi 2 juin 2012

Argumentaire : comment on paye ?

Critique du chiffrage.
Le chiffrage des programmes, tel qu’il est pratiqué est une activité contestée par des économistes tout ce qu’il y a de plus sérieux. En effet, avec le chiffrage, tel qu’il est pratiqué, on cherche «combien ça coûte ?» mais on ne tient jamais compte du fait que certaines dépenses peuvent parfois rapporter plus qu’elles ont coûté. Une vision étriquée du chiffrage a tendance à mettre dans la tête des gens que les programmes les moins chers sont les meilleurs. La question qu’il faut se poser n’est pas «combien ça coûte ?» mais «ce programme est-il à la hauteur des enjeux ?» Cette critique du chiffrage s'applique bien évidemment au chiffrage classique donné dans la suite de l'argumentaire. Seulement, parfois l'on rencontre des gens qui ne voudront pas entendre la critique et réclameront le chiffrage.

Pourquoi on a un programme cher.
Le Front de Gauche a un programme conquérant qui vise à sortir de la crise non pas tant bien que mal et avec quelques bosses mais par le haut, en mettant en place un nouveau fonctionnement de la société qui assure au grand nombre une vie meilleure que ce qu’elle était dans l’avant-crise. On veut des vraies réformes et les vraies réformes, ça coûte de l’argent.

Ce qui coûte et ce qui rapporte.

Réalisme du Front de Gauche.
Le Front de Gauche a le seul programme réaliste parmi ceux présentés à la présidentielle, malgré son coût. En effet, tout programme qui ne libère pas les finances publiques de la tutelle des marchés ne permettra pas d’éviter l’austérité qu’ils réclament et qui ne fera qu’agraver la dette du pays. Tout programme qui ne permet pas un accroissement sensible de la part des salaires dans la richesse produite condamne l’économie à rester dans l’instabilité mortifère dans laquelle un capital hypertrophié la met. La recherche d’une soit disant modération affichée par la plupart des partis pour complaire à l’idéologie dominante défendue par les médias dominants est en fait tout le contraire d’une modération, tout le contraire d’un réalisme.

Appendices.

Coût du SMIC à 1700 euros.
Le SMIC à 1700 euros rapporte de l’argent. C’est le capital qui met la main à la poche et le SMIC accru augmente les rentrées fiscales pour l’état et les cotisations pour la sécu.

Reprendre au capital pour donner aux salaires, concrètement.
Par le travail, une société produit des richesses. Cette richesse va en partie rémunérer les travailleurs et en partie rémunérer les créanciers ou les actionnaires c’est-à-dire, le capital. On veut faire en sorte que la part qui va au capital diminue et celle qui va aux salaires augmente.
Reprendre 10% du PIB au capital pour le rendre aux salaires, ça se fait :
- en augmentant les salaires,
- en diminuant la précarité (la précarité permet aux patrons d’exiger plus de travail pour le même salaire car elle maintient les salariés sous la menace de retomber dans la galère),
- en diminuant le temps de travail (à salaire constant et sans accroitre la productivité horaire par de l’annualisation ou de la flexibilité),
- en taxant le capital.

NB : Il faut aussi qu’il n’y ait pas trop d’écart entre les salaires. Sinon, les riches ont trop d’argent et spéculent avec et les pauvres n’en ont pas assez et s’endettent : ces deux processus augmentent les revenus du capital.

5 commentaires:

  1. Je suis pas tout à fait d'accord avec ce post, alors pour une fois, je réponds.
    Le début, c'est ok, la critique du chiffrage par l'OFCE et tout, je suis d'accord. Mais alors, on se demande pourquoi tu nous sors ensuite le machin qu'a fait le FDG et qui représente un chiffrage classique du programme.
    On voit pas pourquoi la note de l'OFCE ne s'appliquerait pas au chiffrage fait par le FDG de son propre programme...
    Je veux dire que n'importe quel parti peut faire un chiffrage qui ne prend pas en compte les effets des réformes en question, et dire ensuite "irréalisable ? Jugez par vous-même !", alors que tout est déjà jugé. Je sais que c'est du matériel de propagande, mais voir ça sur ce blog, c'est décevant.
    Je ne débats pas ici de la question "le programme du FDG est-il à la hauteur des enjeux ?", c'est trop long.
    Mais je suis d'accord qu'une vraie sortie de crise par le haut a un coût, mais qu'il sera in fine toujours inférieur à celui des programmes d'austérité, qui ne feront que nous enfoncer plus dans la crise.
    Sur le SMIC à 1700 euros, quand on voit que Généreux parle de le financer notamment avec des allègements de charges, on a du mal à croire que ce n'est que le capital qui paie. Je ne suis pas pour une telle revalorisation du SMIC, et ce n'est pas faute de connaître la situation des smicards.
    Mais ma principale critique porte sur l'incohérence entre le premier paragraphe et le reste.

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  2. Je ne dis pas que le truc de l'OFCE ne s'applique pas au truc qu'a fait le FG. Il s'y applique, évidemment (tu me fais souvent ce genre de procès d'intention en me prenant pour un fanatique pro FG sans esprit critique, je crois que ce n'est pas justifié).

    J'ai mis le truc avec des chiffres juste pour qu'on ait une idée des coûts et des recettes (il y a quand même quelque chose d'instructif à voir ce qui coûte le plus cher et ce qui raporte le plus et ce qui coûte peanuts et ce qui rapporte peanuts).

    Effectivement, je ne me suis pas fait chier pour enlever la phrase "irréalisable etc." qui est un peu à côté de la plaque.

    Sur le SMIC, il me semble que les allègements que propose Généreux ne concernent que les PME et sont financés par les grandes entreprises ou par d'autres taxes. Mais effectivement, c'est un point que je n'ai pas beaucoup creusé. Ce que je veux surtout c'est dire que la hausse des salaires est un enjeu majeur. Après, je suis prêt à discuter des montants (mais c'est parce que je ne sais pas ce que c'est que de vivre au smic).

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  3. Aucune idée de si tu sais ou pas ce que c'est, je m'en fous pas mal. Je ne sous-entendais rien (je voulais juste pas qu'on m'oppose l'argument débile "tu sais pas ce que c'est qu'un smicard", ça ne visait personne). On est tout à fait d'accord sur la hausse générale des salaires. Pour l'OFCE, je le dis parce que je sais que tu n'es pas un fanatique, mais tu écris comme si. C'est aussi une question de destinataire, sans doute.

    Oui, ça donne une indication au départ, mais si on lit la note, on se dit que finalement, ça indique pas grand-chose.

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  4. Pour le smic, mon commentaire, c'était plutôt de l'autodérision.

    Pour le coup de l'ofce, à la relecture, je suis sans doute trop sec effectivement.

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