lundi 27 septembre 2010

égoïsme, égoïsme bien compris, cohérence

On a l’impression que l’altruisme n’a pas de fin et que, puisqu’on ne va pas se dépouiller pour le mendiant au coin de la rue, autant ne pas y penser.

Parfois aussi, quelque chose de mystérieux, diffusant à travers la société, fait qu’il devient de bon ton (pour faire cool, je devrais dire que ça devient « cool ») de prétendre ne penser qu’à soi et à son bon plaisir. Exemples : mépriser la souffrance autour de soi c’est une manière de poser en surhomme ; celui qui plombe l’ambiance avec un sujet sérieux et triste est rejeté, donc, il faut garantir qu’on n’est pas de ceux-là etc.

Admettons alors que ça soit pas cool, l’altruisme (provisoirement, parce que j’ai bien envie de proposer une petite démonstration du contraire mais je la garde pour la fin). Je prétends du moins que c’est de notre intérêt. Que l’égoïsme (oh paradoxe !) mène à l’altruisme (comme dans les utopies libérales).

Exemple 1 : c’est pas drôle d’être riche au milieu de miséreux ; on se sent pas bien ; on a un peu peur que tous ces gens un peu trop désocialisés pètent un câble un jour, parce qu’on voit bien que la police ça ne va pas leur faire peur, à eux qui n’ont rien à perdre et qui sont plein d’alcool.

Exemple 2 : untel ne gagne pas trop de blé et veut s’acheter une maison. C’est un projet à assez long terme pour lui. Il décide d’économiser et d’acheter systématiquement le moins cher. Ce faisant, il achète de la bouffe industrielle qui pollue et exploite des esclaves, il achète du textile chinois fait par des esclaves etc. le tout dans un supermarché qui nique le tissu urbain et qui emploie des esclaves etc. etc. Tout ça, favorise une économie dans laquelle les inégalités sont fortes avec des riches qui spéculent sur l’immobilier ce qui fait monter le prix de la maison qu’untel veut s’acheter. Ça favorise une économie délocalisée qui empêchera la hausse du salaire d’untel ou la baisse du chômage dans son pays. Ainsi, il n’est pas bien sûr que ses économies de bouts de chandelles le rapprochent de son but ou, du moins, qu’elle le rapprochent aussi bien de son but que si il avait eu un comportement de consommateur responsable et si il avait financé un média de gauche et un parti de gauche qui auraient lutté contre les délocalisations, contre la hausse des loyers etc. (D’ailleurs, avec des loyers modérés, plus besoin de devenir proprio.) On peut se demander aussi si ce qu’il aurait dépensé par un comportement responsable aurait été forcément tellement plus élevé que ce qu’il a dépensé pour sa bouffe industrielle (ex : il se peut qu’il ait acheté pour plus cher de viande de merde que ce qu’il aurait payé pour des lentilles bio locales, à quantité de protéines équivalente ; que dans le cas de la bouffe de qualité, il aurait moins mangé etc.) Conclusion, c’est bien difficile de savoir si en agissant comme il l’a fait, il s’est plus rapproché de son but que dans le cas où il n’aurait pas autant mis en veilleuse sa recherche du bien de la société. Bien difficile de savoir si la jouissance dont il s’est privé pendant sa période économe ne compense pas celle qui résulte du fait d’arriver un peu plus tôt à l’état de propriétaire. Et s’il finit par acheter au haut de la bulle immobilière et qu’elle explose juste après, c’est encore plus triste. Alors qu’en pariant à l’inverse de untel, on a une chance de faire d’une pierre deux coup : on garde une chance raisonnable d’arriver un jour à avoir sa maison et on augmente les chances d’améliorer la société. Conclusion (bis) : soyez altruistes !

Exercice : faites une analyse comparable sur les gens qui refusent de s’inscrire à un parti par peur d’être fiché ou à un syndicat parce qu’il ne veut pas que son patron le vire ou le gars qui met ses opinions en veilleuse en attendant de décrocher un poste fixe etc.

Bon, encore une page sur la cohérence, la démonstration que je vous avais promise au début et j’arrête.

Je reviens à mon incipit. On abandonne parfois toute ses velléités de travailler au bien commun, sous prétexte qu’on n’en aura jamais fini. Une autre façon de poser le problème, c’est de dire que faute de pouvoir être absolument cohérent avec ses opinions (et il y aurait à redire sur ce qu’est l’absolue cohérence…), on abandonne ses opinions. C’est un fait d’ailleurs qu’on entend souvent des gens critiquer untel parce qu’il vote communiste et qu’il roule en BMW ou pour tout autre genre de raisons liée à la cohérence entre sa vie et ses engagements. Bref, pour tous ceux qui n’osent pas voter à gauche parce qu’ils gagnent beaucoup d’argent dans la banque, ou qui n’osent pas voter vert parce qu’ils ont un 4x4, sachez que je vous absous ! Il vaut mieux, dans mon opinion, être incohérent et un peu altruiste que de ne pas chercher à voir plus loin que le bout de son nez par peur du reproche d’incohérence qu’on pourrait nous faire.

Finalement c’était un paragraphe. Et finalement, j’abandonne ma démo. Juste le temps de vous dire que c’est la mauvaise conscience de l’interlocuteur face à ce qu’il se passe de triste et d’horrible dans le monde qui plombe l’ambiance, pas le fait d’amener le sujet sur la table.

Si ça vous plaît pas, qu'on comprend rien, que c'est qu'un ramassis de banalités, dites le ! Commentez ! J'adore le débat qui fait progresser les idées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire